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L’insécurité peut-elle menacer la coopération ?

La coopération, ce n’est pas l’absence de peur.
C’est la capacité à traverser la peur, sans rompre le lien.

Aujourd’hui, nous avons mille raisons de nous sentir anxieux. Notre société nous expose à des dangers réels ou symboliques : conditions de travail, pouvoir d’achat, surcharge mentale, relations tendues, absence de sens, avenir incertain, problème écologique, santé … Se sentir en insécurité est devenu courant.

Et pourtant, dans ces conditions, alors même que nous avons besoin de coopération pour évoluer, innover, réparer, construire… peut-on vraiment co-construire avec d’autres ? Est-ce que la peur est un obstacle au faire ensemble ?

Quand la peur prend les commandes

Si nous avons tant de mal à coopérer quand tout va mal, ce n’est pas seulement une question de volonté.
C’est aussi — et surtout — une affaire de cerveau.

Quand la peur arrive, notre cerveau ne sort pas son plus beau carnet de notes. Il enfile plutôt son gilet pare-balles intérieur et active les réflexes de survie. Le besoin de sécurité est un besoin humain fondamental. Lorsqu’il est menacé, le corps se tend, les émotions prennent le dessus … Notre cerveau émotionnel (limbique) s’emballe, tandis que notre cerveau rationnel (le néocortex) se met en retrait. Le cerveau reptilien prend le dessus, on a alors le choix entre se figer, fuir ou attaquer. C’est automatique, archaïque.
La peur ne se régule pas par des injonctions mentales. On ne peut pas “se dire que tout va bien”et “se forcer”.

Dans cet état, il devient difficile, voire impossible de :

  • gérer nos émotions,
  • écouter sincèrement,
  • faire preuve de créativité,
  • communiquer avec nuance,
  • ou simplement… garder du lien.

À ce stade, notre cerveau est plus occupé à sauver sa peau qu’à organiser une réunion de consensus. On n’est plus dans la coopération. On est dans la survie. Et c’est parfaitement humain.

Pourtant… la coopération reste possible

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, certaines des plus grandes solidarités naissent au cœur même de l’insécurité.

Souvenons-nous.
– En 2004, le tsunami en Asie du Sud-Est détruit des villages entiers. Dans le chaos, des habitants s’improvisent sauveteurs, partagent vivres, protègent des inconnus.
– En 2005, après l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, des quartiers entiers s’organisent pour nourrir, soigner, et reconstruire sans attendre les autorités.
– Et plus récemment, lors de la pandémie de COVID-19, alors que la peur, l’isolement et l’incertitude dominaient, des chaînes d’entraide se sont tissées : appels de voisinage, échanges de matériel, solidarité entre soignants, professeurs, parents, bénévoles…

Ces moments montrent que : même dans la peur, le lien peut exister.

Ce qu’il se passe dans ces situations, c’est que les individus trouvent, au fond d’eux, un espace de calme, de responsabilité et d’humanité. Ils arrivent malgré tout à se reconnecter à leur cœur.

Mais comment passer d’une entraide instinctive à une coopération durable ? Cette spontanéité a ensuite besoin de se structurer pour pouvoir perdurer dans le temps.

Mais la peur peut aussi souder

Lorsque la menace est commune, la peur devient parfois un ciment de groupe.
On s’entraide pour survivre. On se serre les coudes dans une manif. On monte un projet en urgence quand une crise éclate.

Mais ce lien reste fragile. Il tient tant que la peur est partagée et identifiée. Il peut se fissurer si elle devient trop forte, trop diffuse… ou si la confiance disparaît.

On peut penser que la sécurité est une condition préalable à la coopération.
Mais parfois, c’est la coopération qui crée ou restaure un sentiment de sécurité.

Reprommager la peur c’est aussi possible

Ce que les neurosciences nous montrent aujourd’hui, c’est que le système nerveux est plastique.
Cela veut dire qu’il peut apprendre à :

  • Reconnaître une alerte sans sur-réagir,
  • Revenir plus vite à un état de sécurité,
  • Réagir différemment dans la durée.

🧠 Cette reprogrammation se fait par :

  1. La prise de conscience (je remarque quand la peur m’envahit),
  2. La régulation corporelle (je ralentis, je respire, je bouge),
  3. La répétition d’expériences sécurisantes en collectif (parler, être écouté·e, être respecté·e),
  4. Le cadre relationnel clair, qui rassure (règles, écoute, stabilité).

Chaque fois qu’un collectif vit un conflit géré avec respect, une réunion cadrée, une écoute profonde, le cerveau apprend :

“Je peux rester en lien même dans l’inconfort.”
Et c’est ça, la base neurobiologique de la coopération durable.

Sécurité relationnelle = fertilité collective

Transformer les réflexes de défense en réflexes de confiance, c’est une gymnastique. Plus nous avons un sentiment de sécurité, plus ,nous avons les conditions biologiques pour que l’intelligence collective s’active.

Un groupe en sécurité :

  • ose dire ses idées,
  • traverse les conflits sans se déchirer,
  • invente des solutions nouvelles,
  • accepte les différences.

Ce qui empêche / ce qui rend possible la coopération

Alors dans un climat d’insécurité, qu’est ce qui fait passer d’une posture de repli à une posture de coopération ?

Entre ambiance paranoïaque et cocon de confiance, il y a tout un spectre. Voilà quelques repères simples pour ne pas confondre coopération et cohésion sous tension.

Quand la coopération se bloque…

…et quand elle peut renaître

❌ Climat de jugement ou de sanction

✅ Climat d’écoute sans conséquence immédiate

❌ Isolement dans la peur

✅ Peur reconnue et partagée

❌ Injonction à “aller bien”

✅ Droit à la vulnérabilité

❌ Absence de cadre

✅ Présence d’un cadre simple et clair

❌ Hiérarchie autoritaire

✅ Leadership horizontal ou soutenant

Même quand le climat global est tendu, l’humain reste capable de reconnecter à une part plus stable de lui-même. Il peut choisir de coopérer. Et il peut être aidé.

Pour pouvoir, entretenir la coopération dans un climat anxiogéne, il est important :

  • de ne pas chercher une coopération parfaite mais de se concentrer sur ce que nous pouvons faire ensemble
  • de préserver le lien entre nous
  • de créer des micro-zone de sécurité à travers une conversation de cœur à cœur ou un dispositif de parole où chacun est accueilli, écouté et reconnu
  • chercher à poser un pas après l’autre, dans la direction de la coopération. Coopérer, ce n’est pas s’ouvrir totalement tout de suite. C’est oser un mot différent, une écoute, un regard.

Ce n’est pas confortable mais c’est essentiel.

Quelques outils pratico-pratiques

Il existe quelques outils pour favoriser l’ouverture aux autres :

  • Les techniques de régulation émotionnelle : respiration, méditation, cohérence cardiaque.
  • Le rôle des neurones miroir : Comme ils sont présents pour ressentir à dose homéopathique et apprendre par imitation – en situation de stress collectif -l’activation des neurones miroirs peut favoriser une réaction empathique plutôt qu’une escalade de la peur. Par exemple, un leader calme et rassurant peut influencer le groupe en regardant quelqu’un dans les yeux avec douceur, acquiescer par compréhension profonde, reformuler les propos comme preuve d’une écoute active…
  • Le pouvoir des rituels collectifs : des gestes simples qui renforcent la cohésion comme des salutations chaleureuses ou des moments de partage (chants, célébrations, réunions informelles).
  • Les cercles restauratifs : inspirés des pratiques de justice restaurative, ils permettent d’exprimer ses émotions et d’être entendu dans un cadre bienveillant.
  • Les “safe spaces” en entreprise : certaines organisations instaurent des espaces de parole où les employés peuvent exprimer leurs inquiétudes sans crainte de répercussions.
  • Les modèles de leadership participatif : dans des contextes tendus, des leaders choisissent une posture facilitatrice plutôt qu’autoritaire, favorisant ainsi l’intelligence collective.

Conclusion : De la peur à la puissance collective

Oui, c’est vrai : quand tout va bien, on coopère mieux avec joie, confiance et fluidité.
Mais quand tout est flou, sous pression ou conflictuel, la coopération devient un acte de résistance, un choix de transformation.

La sécurité n’est pas toujours donnée. Mais la coopération peut naître même dans les zones grises. Elle demande du discernement, de la patience, parfois une médiation. Mais elle reste possible. On n’a pas toujours besoin d’un grand cercle de tambours pour coopérer. Mais un minimum de calme intérieur, oui.

La coopération, ce n’est pas l’absence de peur.
C’est la capacité à traverser la peur sans rompre le lien.
Et surtout : elle devient encore plus précieuse dans les temps difficiles.

Coopérer en pleine turbulence, c’est le défi de notre époque. Et ici, on compte bien le relever.

Quiz d’auto-coaching

Et moi, comment je coopère quand je me sens en insécurité ?

Réponds spontanément aux affirmations suivantes. Coche celles qui résonnent avec toi :

  1. ☐ Quand je sens une tension dans un groupe, je préfère me taire plutôt que risquer de dire quelque chose qui fâche.
  2. ☐ Je ne me méfie jamais des intentions des autres.
  3. ☐ J’attends de voir avant de coopérer pleinement.
  4. ☐ Même quand je suis mal à l’aise, il m’arrive de tendre la main ou de proposer une solution.
  5. ☐ Je sais poser mes limites sans rompre le lien.
  6. ☐ Je me sens capable de coopérer avec des personnes très différentes de moi.
  7. ☐ Dans les moments tendus, je repère facilement ce qui pourrait ramener un peu de sécurité pour le groupe.
  8. ☐ Je préfère un cadre imparfait mais explicite à une ambiance floue où “tout le monde fait comme il veut”.
  9. ☐ Je coopère plus facilement quand je peux être moi-même, sans masque.
  10. ☐ J’ai déjà vécu des coopérations fortes… dans des situations très inconfortables.

🔍 Résultat & pistes de réflexion

  • 0 à 3 affirmations cochées
    Tu as peut-être besoin de plus de repères pour te sentir à l’aise en coopération. C’est parfaitement légitime. Que pourrais-tu poser comme cadre ou demander pour te sécuriser un peu plus ?
  • 4 à 7 affirmations cochées
    Tu coopères dans l’incertitude, mais avec des hauts et des bas. Prends un temps pour identifier ce qui t’aide vraiment à rester dans le lien : est-ce le cadre ? Le sens ? L’écoute ?
  • 8 à 10 affirmations cochées
    Tu sembles avoir développé une belle capacité à coopérer même dans l’inconfort. Tu peux être un appui pour d’autres. Reste attentif·ve à tes propres besoins et limites.

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Facilitatrice en ingénierie de projet, intelligence collective et innovation sociétale.

https://www.chloelesage.fr/

Passionnée par l’humain et facilitatrice chevronnée, Chloé baigne depuis 18 ans dans l’accompagnement de l’humain pour provoquer l’épanouissement individuel et sociétal.

Son parcours a débuté à 16 ans au sein d’une association d’éducation populaire. De bénévole à responsable, elle découvre l’intelligence collective, l’animation, la pédagogie, les projets de territoire, l’innovation méthodologique…

Par la suite, elle alterne les formations (DUT carrières sociales, Licence Coordination de projet, …). En tant qu’exploratrice, Chloé poursuit jusqu’au Master 2 Sciences Politiques ingénierie de la concertation à la Sorbonne avec Loic Blondiaux et réalise son stage de fin d’étude par la mise en place de la transition écologique auprès des 460 salariés de Chronoflex, l’entreprise libérée par Alexandre Gérard.

En complément, elle suit une formation de coach pendant 2 ans, de facilitation et expérimente de nombreuses méthodes ( CNV, gestalt, hypnose, psy, pleine conscience, analyse de pratique … ).  

Dernièrement, chargée en EPCI d’impulser la transition écologique (CTE), Chloé accompagne les collectivités, les entreprises et les particuliers à réaliser leurs ambitions. De la formation d’entreprise à impact positif à l’accompagnement individuel.

Elle s’émancipe des disciplines au sein de son entreprise Eurythmia, facilitateur de projet de vie, d’entreprise ou politique. Par exemple, elle accompagne en séance individuelle une cinquantaine de dirigeant, forme des architectes aux bonnes pratiques de l’autogestion, encadre un séminaire de 70 dirigeants aux méthodes de management par la confiance, mène du retour d’expérience auprès de tous les directeur pénitencier du Grand Est, impulse la transition écologique …

Sa devise ? Bonheur et efficacité. Son sport ? Le rugby féminin …

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